Une température en hausse d'environ deux degrés, des précipitations en baisse de 5 à 8 %, une saison sèche nettement plus marquée et une élévation du niveau de la mer de 25 à 50 centimètres : c'est ce que le réchauffement planétaire pourrait provoquer en Nouvelle-Calédonie d'ici un siècle.
Météo France vient de diffuser, sur son site Internet , une étude rédigée par Luc Maitrepierre sur les impacts, pour la Nouvelle-Calédonie, du réchauffement global de la planète. Elle est fondée sur les travaux scientifiques conduits au niveau mondial pour prévoir l'évolution climatique du XXIe siècle. Elle prend naturellement en compte une part d'incertitude : la connaissance des mécanismes qui sont en jeu est en effet imparfaite et le réchauffement global sera différent en fonction des politiques qui seront conduites par les Etats, notamment en matière énergétique. L'étude de Météo France dont nous publions ici les principaux aspects est la première du genre en Nouvelle-Calédonie. Elle est basée sur le scénario qui correspond à des hypothèses moyennes quant aux mesures que prendront les pays du monde pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Ce scénario tend vers un réchauffement global non uniforme à la surface du globe et, en ce qui concerne notre région, plus soutenu dans le Pacifique centre et nord que dans notre zone sud-ouest.
Saison sèche encore plus sèche Actuellement, la structure thermique de l'océan génère des précipitations abondantes dans l'ouest de la zone intertropicale, alors qu'à l'est la côte sud-américaine est quasi désertique. Le Pacifique central devant se réchauffer plus rapidement, les précipitations devraient y augmenter de façon sensible. En revanche, sur l'Australie et la mer de Corail, les pluies devraient être moins abondantes. La Nouvelle-Calédonie devrait donc connaître des conditions plus sèches. On peut estimer le déficit de précipitations entre 75 et 130 mm d'eau par an, ce qui représente de -5 à -8 % des précipitations moyennes qui sont, tous postes confondus, de l'ordre de 1 600 mm par an. Les précipitations de la saison des pluies (janvier à mars) devraient ne varier que très peu, mais celles de saison sèche (d'août à novembre) devraient être en forte diminution (-14 à -24 %). Ainsi, la saison sèche devrait être encore plus sèche.
Températures en hausse de 2° L'élévation de la température en Nouvelle-Calédonie devrait être identique ou très voisine de celle du milieu marin. Or, l'élévation de la température sera moins importante sur les océans que sur les continents. Elle devrait être de l'ordre de +1,8° à +2,1°. Ce réchauffement sera sensiblement identique entre les saisons : de +1,5° à +1,8° en saison fraîche et de +1,8° à +2,1° en été. Selon d'autres scénarios, cette élévation pourrait être moins importante mais, d'une manière générale, la température augmentera moins en Nouvelle-Calédonie que dans le reste du monde, moins qu'en Australie notamment. Toutefois, les changements de température de l'océan apporteront probablement des changements importants dans la distribution des précipitations et l'activité cyclonique.
Niveau de la mer : menace sur Ouvéa L'élévation du niveau de l'océan devrait être comprise entre + 25 et + 50 centimètres. Les estuaires et les îles basses seront donc affectés, plus particulièrement lors des épisodes cycloniques. L'île d'Ouvéa semble la plus menacée, ainsi que certaines plaines côtières. En outre, les zones inondables risquent de s'étendre, car l'élévation du niveau de la mer rendra encore plus difficile l'évacuation des eaux des rivières lors des fortes pluies.
Activité cyclonique : difficile à évaluer L'élévation prévue de la température de l'océan ne devrait pas faire augmenter de façon notable la taille de la zone de formation des cyclones. En revanche, le réchauffement plus important du Pacifique central équatorial devrait modifier la répartition actuelle des cyclones dans le Pacifique sud, avec probablement une extension vers l'est de l'activité cyclonique moyenne. Quant au nombre et à l'intensité des phénomènes, il n'y a pour le moment pas de consensus. Certaines simulations montrent plutôt une augmentation de l'intensité des cyclones, d'autres surtout une augmentation des pluies liées aux perturbations.
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